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p4ges – Les Paiements pour les Services écosystémiques Globaux peuvent-ils réduire la pauvreté

Résumé simplifié

Vilage

Zafy vit dans un village situé aux abords d'une forêt à Madagascar. Comme il veut le meilleur pour sa famille, il utilise les ressources et les options qui lui sont ouvertes et défriche une portion de forêt, sur un versant, pour y cultiver du riz…en montagne. Son dur labeur porte ses fruits et il peut vendre un petit surplus. Rakoto cultive du riz dans le fond d'une vallée. Pendant les années fastes, lorsque l'eau est abondante, sa production dépasse ce que sa famille peut consommer. Cependant, comme la forêt située sur les versants continue à être dégradée, l'eau disponible durant la saison sèche se réduit, et il y a de moins en moins de bonnes années.

Que la déforestation tropicale menace la survie des espèces est bien connu du public. Il y aussi une prise de conscience croissante qu'elle contribue au changement climatique (à travers la libération du carbone emmagasiné dans les arbres et dans les sols). Même si abattre la forêt est souvent présenté comme une destruction insouciante, l'histoire de Zafy démontre que cela peut très bien être un choix tout à fait raisonnable pour les personnes directement concernées. Cette histoire montre également que certains impacts négatifs peuvent être ressentis aussi bien localement qu'à l'échelle mondiale.

Ces dernières années, une nouvelle approche de conservation des forêts tropicales a évolué. L'idée centrale est que ceux qui bénéficient de l'existence d'une forêt devraient payer ceux qui, autrement, la couperaient. Ce principe est connu sous l’appellation de paiement pour services environnementaux et continue à dominer les discussions sur la conservation des forêts tropicales. Les personnes qui soutiennent cette approche sont persuadées qu'elle sera bénéfique pour les pauvres comme Zafy, qui seront compensées pour ne pas avoir défriché la forêt, au moyen de paiements directs (cash) ou par le développement d'activités dans leur zone. En outre, les changements d'affectation des terres qui seront encouragées par les systèmes de paiement (protéger la forêt ou créer de nouvelles terres boisées) peuvent s’avérer  bénéfiques à d'autres personnes pauvres de la zone; par exemple, Rakoto pourrait bénéficier de l'accroissement du couvert forestier puisque cela lui fournit une meilleure disponibilité en eau pour ses rizières.

Malheureusement, rien n'est jamais aussi simple qu'il n'y paraît. Bien que ces systèmes de paiement pour services environnementaux attirent des millions de dollars, et qu'il y ait un engagement de la part des nombreuses personnes impliquées pour s'assurer qu'ils sont bénéfiques pour les pauvres, des questions subsistent à la fois quant à l'impact que ces systèmes actuels ont sur les pauvres et sur la façon dont ces systèmes pourraient être conçus pour identifier n’importe quel potentiel permettant d’alléger la pauvreté tout en évitant les dommages.

Ces questions d'importance vitale nécessitent une approche par la recherche rassemblant des spécialistes avec un éventail de compétences. Notre équipe est composée de sociologues, d'économistes, d'écologistes, d'hydrologues, d'experts en télédétection et de modeleurs qui exploreront les voies complexes dans lesquelles les paiements internationaux pour services environnementaux affectent les vies des populations pauvres. Les questions spécifiques que nous aborderons incluent la quantification des bénéfices que les agriculteurs des bas-fonds peuvent espérer de l'augmentation du couvert forestier, l'exploration des coûts (et qui les supporteront) dus à la restriction d'accès à la collecte de produits sauvages, et l'investigation de la manière dont les structures politiques et sociales influencent la façon dont les bénéfices issus de ces paiements sont distribués. Nous nous concentrons sur une seule zone (la forêt humide de l'Est), dans un seul pays (Madagascar). Une telle approche focalisée est nécessaire pour comprendre l'image complète qui prend en compte toutes les interactions entre le système écologique et le système social.

Bien que nous concentrions les travaux de terrain à Madagascar, et que nous résultats influenceraient directement les systèmes de paiement dans le pays, nos conclusions auront également un impact beaucoup plus large. Nous travaillons en étroite collaboration avec les personnes impliquées dans l'élaboration des politiques qui appuient les systèmes de paiement et dans leur mise en œuvre sur terrain à la fois à Madagascar et partout dans le monde. Notre projet aboutira à des publications d'articles scientifiques qui repoussent les limites de la recherche interdisciplinaire, et une couverture intéressante dans les médias et sur le site web du projet.

Cependant, à travers ce large engagement, notre projet se traduira également par des changements concrets dans la conception des systèmes de paiement, lesquels devraient améliorer les niveaux de vie des personnes comme Rakoto, Zafy et leurs familles, partout où ils vivent dans le monde.