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p4ges – Les Paiements pour les Services écosystémiques Globaux peuvent-ils réduire la pauvreté

Le projet de sauvegarde sociale de la REDD+ a-t-il été octroyé « aux ménages réellement affectés » ? Cas de Madagascar

Rina Mandimbiniaina(Université d’Antananariv) entrent des données après un entretien avec un ménage.

La nouvelle zone protégée dans l'est de Madagascar restreint la façon dont les populations locales peuvent utiliser la zone

L'équipe p4ges a récemment publié les résultats des recherches sur ce sujet.

Lire l'article (anglais) ici

Résumé

Mahesh Poudyala,*, Bruno S. Ramamonjiso b, Neal Hockley a, O. Sarobidy Rakotonarivoa a, James M. Gibbons a, Rina Mandimbiniaina b, Alexandra Rasoamanana b, Julia P.G. Jones a
a School of Environment, Natural Resources and Geography, Bangor University, Thoday Building, Denioal Road, Bangor LL57 2UW, UK
b Département des Eaux et Forêts de l’Ecole Supérieure des Sciences Agronomiques, Université d’Antananarivo, BP 175 ESSA Forêts Antananarivo 101, Madagascar

Les impacts potentiels sur le bien-être des populations riveraines des forêts protégées soumises au mécanisme climatique REDD+ suscitent de nombreux débats. Vu que l'objectif de la REDD+ est de réduire le taux de déforestation et de dégradation des forêts, sa mise en oeuvre entraine un coût local qui est supporté par les petites exploitations agricoles qui subsistent grâce à la reconversion des terres forestières en terrain agricole. Un mécanisme de sauvegarde sociale a été développé afin d'atténuer l'impact négatif de la REDD+, et peut permettre de tirer des leçons pratiques suivant les procédures déjà adoptées à l’exemple de ceux qui sont promus par la Banque Mondiale. Madagascar fait partie des pays qui ont bénéficié de l’appui de la Banque Mondiale pour le lancement des projets pilotes REDD+, incluant le Corridor Ankeniheny-Zahamena. Dans ce corridor plus de deux milles ménages ont été identifiés comme « Personne Affectée par le Projet ou PAP » et ont reçu des compensations. Afin de comprendre pourquoi des ménages ont été sélectionnés comme bénéficiaires du projet de sauvegarde sociale et d’autres non, une étude comparative entre ces ménages a été menée. Il en résultait que les ménages possédant certains pouvoirs socio-politiques locaux, avec plus de sécurité alimentaire et dont les habitats sont plus accessibles depuis les routes d'accès ont plus de chance d’être identifiés comme étant des ménages éligibles au projet de sauvegarde sociale. Pourtant, beaucoup de ménages qui sont également affectés négativement par le projet REDD+ n’ont pas reçu de compensation. Trois principaux facteurs ont handicapé l’efficacité de l’identification des ménages qui devront être compensés:

a) Absence d’information tangible auprès de l’administration locale sur les communautés et leur zone d’habitation entrainant ainsi la difficulté de l’identification des ménages enclavés

b) Réticence des ménages dépendant de l’agriculture itinérante à s’auto-identifier comme pratiquants suite à la restriction imposée par l’Etat et

c) Dépendance des évaluations du projet sauvegarde sociale menées par les responsables sur des institutions locales qui ne sont pas représentatives de la communauté concernée.

Vu ces défis auxquels l’identification des PAP a dû faire face, il serait judicieux d’adopter une stratégie plus optimale par le biais d’une compensation à l’échelle communautaire évitant ainsi ces coûts ineffectifs de l’identification individuelle. L’accord de Paris en décembre 2015 a reconnu la REDD+ comme l’un des instruments politiques clés pour atténuer le changement climatique tout en visant à respecter les droits de l’homme dans toutes les actions qui en découlent. Cependant, le projet de sauvegarde sociale serait voué à l’échec si les ménages réellement affectés ne sont pas compensés suite à l’atteinte à leur droit d’usage sur les forêts soumis au projet REDD+. Cette recherche a démontré que l’approche actuelle du système de sauvegarde sociale ne permet pas d’atteindre ces engagements ainsi continuer dans cette voie ne peut que nuire à l’effectivité du projet REDD+.

Mots clés : Impact social, équité, aires protégées, évaluation, agriculture itinérante, tavy